Sécurité des API : protéger les interfaces critiques dans un monde hyperconnecté

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La sécurité des API en bref
  • Objectif : Protéger les interfaces applicatives contre les attaques internes et externes, en particulier dans les environnements cloud et SaaS.

  • Méthodes clés : Authentification forte, chiffrement des données, contrôle d’accès granulaire, surveillance continue et limitation du débit des requêtes.

  • Principaux risques : Erreurs d’autorisation, expositions de données sensibles, failles d’implémentation, attaques DDoS, injections et abus des API publiques (cf. OWASP Top 10).

  • Approches par type d’API : REST via HTTPS, SOAP avec chiffrement XML, et GraphQL avec validation stricte et contrôles renforcés.

Qu’est-ce qu’une API : définition et principaux types

Tout d’abord, API est l’acronyme d’Application Programming Interface en anglais, qui se traduit par Interface de programmation d'application en français. En fait, il s’agit d’un mécanisme logiciel qui permet à différentes applications ou services de communiquer entre eux. Une API agit donc comme une passerelle standardisée qui permet aux développeurs d’accéder à des fonctions ou à des données sans devoir connaître le fonctionnement interne du système sous-jacent.

Voici les quatre architectures d’API les plus répandues.

  • REST (Representational State Transfer) : architecture légère et sans état qui repose sur le protocole HTTP pour des interactions simples entre client et serveur.

  • SOAP (Simple Object Access Protocol) : plus rigide et utilisant plus de bande passante que REST, SOAP repose sur le format de données XML et offre des fonctionnalités de sécurité avancées souvent utilisées dans les environnements fortement régulés.

  • RPC (Remote Procedure Call) : permet d’invoquer des fonctions à distance comme si elles étaient locales via un protocole léger mais potentiellement plus exposé.

  • GraphQL : langage de requête développé par Meta en 2012 permettant aux clients de spécifier exactement les données qu’ils souhaitent recevoir, ce qui le rend puissant mais complexe à sécuriser.

Qu’est-ce que la sécurité des API ?

La sécurité des API regroupe l’ensemble des stratégies, pratiques et outils visant à protéger les interfaces d’application contre toutes les menaces informatiques. En effet, celles-ci sont nombreuses et peuvent provenir de l’extérieur comme les attaques par injection, le déni de service ou l’exploitation de vulnérabilités par exemple. Mais, elles peuvent également venir de l’intérieur en perturbant les systèmes ou en laissant l'API ouverte aux attaques. Il peut alors s’agir d’erreurs de configuration, d’accès excessifs, de mauvaise gouvernance, etc.

Ainsi, la sécurité des API se concentre sur trois volets essentiels de la cybersécurité.

  • Sécurité des applications : prévention des bugs et failles exploitables au niveau du code ou de la logique applicative.

  • Sécurité de l’information : chiffrement des données sensibles échangées via l’API.

  • Sécurité du réseau : surveillance des flux, détection d’activités anormales et limitation du trafic malveillant.

Enfin, une stratégie efficace de protection des API prend également en compte :

  • l’authentification des API via des tokens, certificats ou identifiants OAuth ;

  • la limitation du débit et des requêtes (rate limiting) ;

  • la validation des entrées pour éviter les injections ou les accès non autorisés ;

  • l’analyse comportementale pour détecter les abus en temps réel ;

  • l’usage d’une passerelle API pour centraliser la gestion de la sécurité et du trafic.

Pourquoi la sécurité des API est-elle devenue incontournable ?

Aujourd’hui, les API sont au cœur des architectures logicielles modernes. Qu’il s’agisse d’intégrations internes, d’interconnexions avec des partenaires ou de services exposés publiquement, les interfaces de programmation sont devenues essentielles pour faire circuler les données au sein de tous nos systèmes. Cette généralisation s’accompagne toutefois d’un risque accru. En effet, une API non sécurisée peut facilement devenir une porte d’entrée pour les attaquants.

C’est pourquoi, les cyberattaques ciblant les API se multiplient et des failles dans leur conception ou leur configuration figurent aujourd’hui parmi les premières causes de violations de données à grande échelle. Or, lorsqu’elles sont compromises, les API peuvent exposer des informations sensibles ou même permettre l'accès à des systèmes critiques.

Malheureusement, sécuriser une API ne se limite pas à créer une authentification d’accès. Il s’agit de garantir que seules les entités autorisées puissent y accéder tout en préservant la confidentialité, l’intégrité et la traçabilité des données échangées. Le sujet est donc d’importance. Mais, heureusement, cette prise de conscience a déjà fortement renforcé la priorité accordée à la sécurité des API dans les stratégies de cybersécurité des entreprises, en particulier dans les environnements cloud-native et distribués.

Risques de sécurité des API : le top 10 OWASP à connaître

Depuis 2019, l’OWASP API Top 10 Security Risks est une référence incontournable pour les développeurs et les équipes de sécurité. En effet, cette organisation à but non lucratif met à disposition gratuitement de nombreuses ressources pour améliorer la sécurité des applications, dont une liste des dix principaux risques de sécurité des API et propose des pistes concrètes pour y remédier. Voici un aperçu de ces dix menaces critiques telles que décrites par l’OWASP.

Faille API 1. Broken Object Level Authorization (BOLA) : défaillance d’autorisation au niveau des objets

Lorsqu'une API n’applique pas correctement les contrôles d’accès sur les objets, les attaquants peuvent accéder à des ressources qu’ils ne devraient pas voir. Par exemple, une série de vulnérabilités découvertes sur l’API de Booking.com ont permis à des acteurs malveillants d’usurper des comptes utilisateurs, d’exfiltrer des données personnelles et d’effectuer des réservations ou annulations à la place des victimes en raison de contrôles d’accès et d’autorisation défaillants.

Faille API 2. Broken Authentication : authentification API insuffisante

Sans un mécanisme d’authentification robuste comme OAuth ou des tokens JWT, une API peut être exploitée librement. Par exemple, en 2021, une API exposée sans protection a permis la fuite des données personnelles de 235 millions de comptes Twitter.

Faille API 3. Broken Object Property Level Authorization : fuite de propriétés d’objets sensibles

Parfois, certaines API renvoient des données superflues, supposant que seul un utilisateur légitime les consultera. Par exemple, en 2020, Doctolib a été critiqué pour avoir stocké des données sensibles de santé dans un environnement tiers sans chiffrement suffisant, exposant potentiellement les rendez-vous médicaux de milliers de patients. Cette controverse souligne le risque de divulguer des propriétés d’objets sensibles à travers des API mal contrôlées.

Faille API 4. Unrestricted Resource Consumption : consommation illimitée de ressources

Chaque fois qu'une demande d'API est effectuée, une certaine quantité de ressources est utilisée, notamment la bande passante du réseau, la mémoire et le calcul. Or, en l’absence de limitations telles que des rate limiting ou des quotas, les API peuvent être surchargées par des requêtes malveillantes ou accidentelles entraînant des dégradations de service, voire des attaques DDoS. Ainsi, en janvier 2025, une vulnérabilité dans l’API de ChatGPT permettait d’exploiter le crawler de ChatGPT pour lancer une attaque DDoS réflexive à l’aide d’une requête HTTP POST spécialement conçue.

Faille API 5. Broken Function Level Authorization : autorisation au niveau fonctionnel défaillante

De nombreux systèmes ont des politiques de contrôle d'accès complexes. Mais, si les autorisations au niveau des fonctions ne sont pas bien mises en œuvre, les attaquants peuvent accéder à des fonctions non autorisées et exécuter des fonctions interdites. Par exemple, en 2022, cette faille a été exploitée pour infiltrer l’infrastructure d’Uber et voler les données personnelles de 57 millions d'utilisateurs.

Faille API 6. Unrestricted Access to Sensitive Business Flows : accès non contrôlé aux processus critiques

Lorsqu’une API permet d’accéder à des opérations métiers sensibles sans vérification suffisante des autorisations, elle expose l’entreprise à des risques majeurs. Les attaquants peuvent alors détourner des flux critiques comme des virements, des commandes ou des modifications de comptes avec des conséquences financières ou opérationnelles importantes. Ce type de faille reflète un manque de cloisonnement des actions sensibles au sein des API.

Faille API 7. Server Side Request Forgery : falsification de requête côté serveur (SSRF)

Des URL non filtrées dans les requêtes API peuvent permettre aux attaquants de forcer un service à communiquer avec des systèmes internes. Cela expose particulièrement les architectures basées sur Docker ou Kubernetes.

Faille API 8. Security Misconfiguration : mauvaise configuration de sécurité

Des API mal configurées avec des patchs manquants, des informations d’erreur exposées, une absence de chiffrement, etc. sont une cible facile. Malheureusement, ces erreurs restent très fréquentes, notamment dans les environnements multicloud. Par exemple, en mars 2025, une vulnérabilité critique dans l’API de Wazuh Server a permis l’exécution de code Python à distance via des charges utiles JSON malveillantes. Bien que corrigée avec la version 4.9.1, un exploit PoC publié sur GitHub a facilité son exploitation rapide par plusieurs botnets basés sur Mirai, soulignant les conséquences immédiates d’une configuration de sécurité négligée.

Faille API 9. Improper Inventory Management : gestion incomplète de l’inventaire d’API

Les API publiées sans inventaire centralisé ou documentation adéquate échappent souvent aux audits de sécurité. En outre, une mauvaise visibilité peut aussi masquer des endpoints sensibles exposés. Par exemple, en décembre 2024, près de 12 000 clés API, mots de passe et jetons d’authentification ont été retrouvés dans les données utilisées pour l’entraînement du modèle d’IA DeepSeek. Ces clés exposées, dont certaines permettaient l’accès à AWS, Slack ou Mailchimp, étaient souvent directement intégrées dans le code source des pages web. Malheureusement, sans cartographie centralisée ni politique de révocation, ces informations sensibles ont pu être indexées, stockées, puis absorbées dans les modèles d’IA, aggravant les risques de réutilisation et d’exploitation à grande échelle.

Faille API 10. Unsafe Consumption of APIs : confiance excessive dans les API tierces

Les intégrations avec des services tiers peuvent introduire des vulnérabilités si leurs réponses ne sont pas correctement validées, filtrées ou désinfectées. En effet, une confiance excessive dans la sécurité des API proposées par des fournisseurs réputés peut conduire à des erreurs critiques. Les attaquants peuvent alors exploiter ces intégrations pour contourner les contrôles mis en place sur les API internes. Par exemple, des failles telles que les attaques Server-Side Request Forgery (SSRF) peuvent apparaître si les données provenant d’API tierces ne sont pas traitées avec prudence. la consommation des API dépend souvent de la confiance que les développeurs accordent aux réponses des tiers. De nombreux développeurs pensent que les API tierces, en particulier celles proposées par des entreprises réputées, sont intrinsèquement sécurisées. Cette confiance mal placée peut entraîner des vulnérabilités. Au lieu de cibler directement vos API, les attaquants peuvent exploiter ces intégrations tierces. Des incidents, comme les attaques SSRF, peuvent se manifester en raison d'une validation et d'une désinfection inadéquates des réponses. Par exemple, en janvier 2021, Parler a été confronté à des problèmes de sécurité en permettant aux API tierces d'accéder aux données sans authentification. Les attaquants ont deviné des URL contenant des informations sensibles et ont accédé aux données sans authentification.

Conseil pro

Pour réduire efficacement les risques de sécurité des API, les équipes de sécurité doivent automatiser les contrôles, s’appuyer sur des référentiels éprouvés comme l’OWASP et adopter une approche proactive de la sécurité : test continu, surveillance et gouvernance centralisée. Une API sécurisée, c’est une entreprise protégée.

Sécurité des API pour SOAP, REST et GraphQL

Chaque architecture d’API que ce soit SOAP, REST ou GraphQL présente des particularités qui influencent la manière dont la sécurité doit être pensée et implémentée.

API ArchitectureSecurity Implications
Sécurité de l'API SOAPSOAP est un protocole de messagerie basé sur XML conçu pour l’échange de données structurées dans des réseaux informatiques décentralisés via divers protocoles comme HTTP ou SMTP. Il se distingue par ses capacités de sécurité intégrées, notamment grâce à la sécurité de transport (HTTPS) et à la sécurité au niveau des messages comme les signatures XML. En s’appuyant sur les spécifications Web Services (WS), SOAP permet de mettre en œuvre des contrôles standardisés robustes, y compris WS-Security et WS-ReliableMessaging, qui garantissent l’intégrité, la confidentialité et la fiabilité des échanges.
Sécurité de l'API RESTREST, API largement adoptée dans les applications modernes, repose sur des échanges en JSON via le protocole HTTP/HTTPS. Contrairement à SOAP, REST ne propose pas de mécanismes de sécurité intégrés. La sécurité repose donc entièrement sur la conception de l’API : utilisation systématique du HTTPS, gestion rigoureuse des autorisations et mise en œuvre de l’authentification par jetons comme OAuth 2.0 ou JWT. Ainsi, des mesures de sécurité comme la validation des entrées, la gestion des erreurs ou la limitation du taux de requêtes sont essentielles pour éviter les abus.
Sécurité de l'API GraphQLGraphQL est un langage de requête et environnement d’exécution open source qui permet aux clients de spécifier précisément les données dont ils ont besoin. Bien que son typage strict améliore la cohérence des données, sa flexibilité rend la surface d’attaque plus difficile à maîtriser. Or, sans contrôles adéquats, GraphQL peut être vulnérable à des requêtes complexes ou malveillantes qui vont surcharger le serveur. Il est donc crucial d’implémenter des limites de profondeur de requête, des restrictions de complexité, des timeouts ainsi qu’une validation stricte des schémas pour réduire les risques.
Conseil pro

Votre entreprise développe-t-elle des applications intégrant de l’IA générative ? Comme tout autre service multi-locataire, ces applications peuvent hériter de vulnérabilités classiques des API. Assurez-vous de sécuriser l’intégration des modèles GenAI dans vos environnements cloud en appliquant des contrôles d’accès stricts, une isolation des données efficace et une gestion rigoureuse de l’exposition des endpoints API.

Normes de sécurité des API

Assurer la sécurité des API repose sur l’adoption de bonnes pratiques standardisées tout au long de leur cycle de vie. Voici les piliers essentiels à respecter pour renforcer la protection de ses interfaces API.

1. Découverte et inventaire des API

Votre outil de sécurité des API doit proposer un inventaire de toutes les API détectées et effectivement exposées à Internet.

On ne peut pas sécuriser ce que l’on ne connaît pas. Il est donc fondamental de cartographier l’ensemble des API exposées, y compris les endpoints oubliés ou non documentés. Pour cela, des scanners de vulnérabilités automatisés capables d’opérer de manière continue permettent de détecter chaque point d’entrée, d’en analyser les paramètres et les types de données échangées mais aussi de maintenir un inventaire à jour.

2. Identifier les risques et les vulnérabilités des API

Exemple d'AWS Lambda exposant une API à Internet et stockant un secret qui permet un mouvement latéral

Comprendre les failles potentielles est essentiel pour protéger ses API. Il est donc important d’analyser en continu chaque composant exposé, d’évaluer les points faibles à chaque étape du cycle de vie de l’API et de mettre en place une défense multicouche. Cela inclut la détection des vulnérabilités liées aux risques OWASP, aux attaques automatisées comme les bots malveillants ainsi qu’aux attaques par déni de service (DDoS).

3. Utiliser le cryptage

Les API doivent toujours chiffrer leurs données en transit, notamment via TLS (Transport Layer Security), afin de préserver la confidentialité et l’intégrité des échanges. L’ajout de signatures numériques renforce ce niveau de sécurité en s’assurant que seuls les utilisateurs autorisés peuvent accéder et modifier les données.

4. Mettre en œuvre une authentification et une autorisation fortes

L’authentification permet de vérifier l’identité d’un utilisateur, souvent via des clés API ou des jetons d’accès, tandis que l’autorisation contrôle les droits d’accès généralement via un modèle Role-Based Access Control (RBAC). Mais, seule l’association des deux permet de garantir que seules les bonnes personnes accèdent aux bonnes données.

5. Utiliser des limites de débit et des mécanismes de limitation

Pour se protéger contre les attaques par déni de service (DoS ou DDoS), les API doivent intégrer des quotas d’usage et des limitations de fréquence. Cela permet aussi d’atténuer d’autres formes d’abus comme le vol d’identifiants ou le scraping excessif de données.

6. Utiliser une passerelle API

Les passerelles API jouent un rôle central dans l’orchestration et la sécurisation du trafic. En effet, elles font office de points de contrôle entre les clients et les services back-end. Ainsi, elles facilitent l’authentification, l’autorisation, la journalisation et la gestion centralisée des règles de sécurité.

Une nouvelle approche de la sécurité des API

La majorité des outils de sécurité API s’appuient encore sur des agents ou des scanners réseau qui n’offrent qu’une couverture partielle, sont complexes à déployer et manquent de contexte cloud. C’est donc pour répondre à ces limites que Wiz a développé une approche radicalement différente.

En effet, avec Wiz Dynamic Scanner, vous bénéficiez d’une analyse sans agent couvrant tous les principaux fournisseurs de cloud. De cette manière, notre outil d’analyse explore automatiquement chaque couche de votre environnement cloud pour détecter :

  • les API exposées à Internet qu’elles soient documentées ou non ;

  • les chemins d’attaque potentiels exploités via ces API ;

  • le contexte complet de chaque API incluant les données sensibles accessibles, les permissions en jeu et leur niveau d’exposition.

Ainsi, cette visibilité complète permet d’évaluer en temps réel le rayon d’impact potentiel d’une faille afin de prioriser les actions de remédiation avant qu’une exploitation ne survienne. Alors, pour découvrir concrètement comment Wiz peut sécuriser vos API dans un environnement cloud-native, planifiez une démonstration personnalisée avec nos experts.

Une approche contextuelle et sans agent de la sécurité des API

Découvrez comment, avec Wiz, les clients peuvent désormais simplement répondre à la question de savoir où j'ai exposé les API dans mon environnement avec tout le contexte associé à l'environnement d'exécution.

Pour plus d’informations sur la façon dont Wiz traite vos données personnelles, veuillez consulter notre Politique de confidentialité.

FAQ sur la sécurité des API